Comment célébrer le cinquantenaire de Mai 68, révolution fantasmée et invoquée tous les dix ans, soit comme modèle de révolution populaire, soit comme responsable de tous les maux actuels ?
Notre confrère, Gilbert Laval, ancien correspondant de « Libération » à Toulouse, convoque l’histoire dans cette ville qui est encore en 1968 la capitale de l’exil républicain espagnol. Les militants déterminés et actifs n’y manquent pas sur fond de poudre et de feu. L’envie est furieuse en 1968 et tout de suite après, de renverser un monde encore fait d’interdits et de contraintes. Mais à Toulouse et ailleurs, l’explosion demeure idéologique et les appels aux armes s’arrêtent aux mots, à l’exception notable de Jean-Marc Rouillan et de quelques autres.
La révolution n’est pas au bout du fusil, mais la société en sort révolutionnée. On investit la rue, on court sous les lacrymogènes, des communautés et des féministes réinventent la vie, des militants abandonnent leurs études et vont travailler en usine pour rejoindre la classe ouvrière, d’autres se retrouvent prison Saint-Michel.
Gilbert Laval a mené des entretiens avec quarante-neuf des acteurs majeurs de cette période à Toulouse ; certains acteurs ont disparu, d’autres n’ont pas souhaité s’exprimer. Un véritable reportage, avec ce que cela comporte d’éléments vérifiés et recoupés mais aussi de subjectivité inévitable. A travers ces témoignages qui livrent autant d’interprétation des mêmes faits, cet élan unique revit dans ses incohérences, son énergie et son foisonnement d’idées et d’engagements.
Sy.B