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La traversée du désert de la presse culturelle

publié le jeudi 7 mai 2020

L’annulation de tous les spectacles et événements au moins jusqu’à la rentrée ne permet aucune visibilité sur l’avenir des titres dédiés à la culture.

Annulation ou report des festivals et concerts, fermeture des théâtres, opéras, cinémas et musées… La pandémie a privé la presse culturelle toulousaine de ce qui fait sa raison d’être. Le Brigadier, bimestriel spécialisé dans le théâtre et les arts de la scène, a publié son n°39 le 8 mars, juste avant le confinement. Les annonceurs ont payé des espaces publicitaires pour des manifestations qui n’ont pas eu lieu. Ce qui a tout de même assuré, malgré la chute probable des ventes en kiosque, un équilibre financier à ce numéro. « Tous ceux qui ont travaillé pour le n°39 ont été rémunérés », assure Bénédicte Soula. Mais la fondatrice et rédactrice en chef du Brigadier l’annonce : il n’y aura pas de livraison en mai. Même chose pour Clutch : le mensuel gratuit, diffusé dans l’agglomération toulousaine, n’a pas publié son n°84 d’avril. « C’est la première fois en sept ans d’existence », indique son site Internet.

De son côté Ramdam, après réflexion, ne s’est pas mis à l’arrêt mais a retardé sa parution : le n°144 prévu en mai ne sortira qu’à la fin de ce mois avec une pagination réduite (40 pages au lieu de 72). Le bimestriel gratuit diffusé en Occitanie, faute d’événements culturels à annoncer, sera consacré à des thèmes moins liés à l’actualité : les résidences d’artistes et l’architecture des lieux culturels. « Les annonceurs sont devenus rares et le chiffre d’affaires de ce n°144 a été divisé par trois », confie Martin Venzal, directeur de la rédaction. Ainsi, une partie de l’équipe est en chômage partiel tandis que les autres télétravaillent. Autre conséquence : les musées ou salles de spectacles qui offrent le journal sont fermés et il a fallu réorienter la diffusion vers des commerces alimentaires et des librairies. Martin Venzal souhaite publier un numéro en juillet-août : « Il y aurait des articles de type magazine et on anticiperait la rentrée culturelle de septembre. » Mais quelle sera la situation à la rentrée ? Bénédicte Soula espère bien voir reparaître son Brigadier en septembre mais ne cache pas ses inquiétudes : « La presse culturelle est liée à l’économie du spectacle. Tant que celui-ci ne reprendra pas… »

Bruno Vincens

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