Martin Venzal, fondateur du site d’informations économiques Touleco.fr : « Le web est une opportunité pour installer un nouveau média régional »

Collaborateur à la Dépêche du Midi depuis plusieurs années, intervenant à l’Ecole de Journalisme de Toulouse et co-fondateur de l’Association des Journalistes de Toulouse et Midi-Pyrénées, il lance son propre média : touleco.fr. Un site et une lettre d’information qui offrent, au quotidien, toute l’information économique toulousaine. Sur la base de quel modèle économique et avec quels moyens ? Comment s’insérer dans un contexte finalement assez prisé ? Voici ses réponses, sans détour.

Comment vous positionnez-vous face aux différents titres de la presse économique régionale ?

Le seul média avec lequel nous aurions pu être en concurrence assez directe est La Dépêche du Midi. Au travers notamment du supplément éco, qui, justement, a disparu. Pour le reste des médias, nous apparaissons comme complémentaires. Par exemple, nous sommes un quotidien, alors que la Gazette du Midi et la lettre MPS sont hebdomadaires [la lettre MPS est toutefois déclinée en version quotidienne sur le Web, NDLR]. Et d’un point de vue géographique, nous n’avons pas, comme ces derniers, d’ambitions régionales. Nous avons vocation à couvrir les grandes métropoles. Nous envisageons ainsi la déclinaison de notre média à d’autres grandes villes, si nous réussissons notre pari. Nous ne sommes pas non plus sur de la pré-information, spécificité de la lettre MPS. Quant au Journal des Entreprises, Entreprises Midi-Pyrénées ou La Nouvelle des Entreprises, il s’agit de mensuels. In fine, nous entendons apporter une mise en perspective, une valeur ajoutée croissante, un autre regard à l’information économique toulousaine.

Avec quels moyens lancez-vous le projet et sur quelle équipe vous appuyez vous ?

Essentiellement en fonds propres, et grâce … à la bonne volonté que veut bien m’accorder, pour quelques semaines, mon équipe. Une dizaine de journalistes, pour la plupart anciens pigistes à la Dépêche Economie, qui me suivent dans cette aventure. Quant au site Internet, il a été réalisé par l’agence Octavo, qui a fixé des conditions de paiement souples.

Quelles possibilités vous offrent le web ?

Sur le fond, Internet change la donne par rapport aux médias « papier » qui constituent un marché mature et très établi en région comme dans le reste du territoire. Exemple, le tabloid allemand Bild, qui n’a pu s’implanter sur un marché français verrouillé et qui dépend notamment du système des dépositaires de presse. Aujourd’hui, même avec des moyens importants, il est difficile d’établir une nouvelle marque régionale d’information, de nouvelles habitudes de lectures, autrement que par le vecteur du Web.

Et dans la pratique ?

En travaillant sur Internet, nous n’avons plus de carcan, ni technique, ni commercial. L’écriture de nos papiers est plus libre, car moins calibrée. Pas de limite stricte posée au nombre de signes. Ce qui ne veut pas dire que tout soit possible. Sur le web, les phrases doivent être plus courtes, plus légères. Les articles ne doivent pas dépasser les 1800 – 2000 signes. Mais ils peuvent être paradoxalement plus longs : lorsque nous traitons l’information sous forme de dossier, un très long article peut alors être scindé en plusieurs petits articles, et adaptés si nécessaire. A terme, nous envisageons également de présenter ces dossiers sous forme d’organigramme d’articles. Une nouvelle façon de hiérarchiser l’information.

Vous dites : plus de carcan commercial ? Vous ne développerez pas d’espace publicitaires ?

Si, mais de façon très complémentaire à notre principal revenu : les abonnements. Notre plan d’affaires fixe l’atteinte de 10 000 abonnés d’ici à quatre ans. Ces lecteurs privilégiés auront droit, pour 40 euros par an, à l’ensemble de nos archives. Les informations diffusées sur notre site restent en effet gratuites pendant une semaine mais ne sont plus accessibles après. Une option toutefois pour ceux qui ne voudraient pas s’abonner : nous proposerons l’achat des articles à l’acte, par carte bleue. L’abonnement permettra également l’accès à des compléments d’information à valeur ajoutée, à distinguer des dossiers. Il s’agira d’éclairages, d’analyses, de chiffres clés, etc. Nous visons en outre une autre source de revenus au travers d’une offre commerciale destinée aux entreprises. Elle s’inscrira dans un cadre événementiel que je ne souhaite pas révéler pour l’instant.

Propos recueillis par Frédéric Dessort, article proposé en partenariat avec la lettre Mid e-News, éditée par l’association La Mêlée