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Anticor s’implante en Haute-Garonne

publié le vendredi 14 décembre 2018

L’association anti-corruption nationale vient de lancer officiellement son implantation en Haute-Garonne. Objectif : identifier des affaires de malversations, de corruption … et les porter devant la Justice toulousaine. Explications.

Mercredi 5 décembre, l’association de lutte contre la corruption Anticor a marqué une nouvelle étape de son développement en officialisant son implantation dans la Haute-Garonne. Les activités de l’association avaient en fait été initiées il y a déjà trois ans. Après un démarrage timide, le nombre d’adhérents a progressivement augmenté pour atteindre 44 fin décembre 2018 (*), selon Eric Alt, vice-président d’Anticor. Un nombre auxquel s’ajoute une soixantaine d’abonnés à la lettre d’information. Cette évolution qui a été entérinée dans le cadre d’une réunion rassemblant une trentaine de participants dans la salle du bar associatif « Chez Bernard », dans le quartier Arnaud-Bernard. « Anticor est une association fondée en juin 2002 par Éric Halphen et Séverine Tessier pour lutter contre la corruption et rétablir l’éthique en politique. Son ambition est de réhabiliter le rapport de confiance qui doit exister entre les citoyens et leurs représentants, politiques et administratifs », précise la page de présentation de l’association. Elle fait partie des trois associations nationales – avec Transparency International et Sherpa - qui sont habilitées par le ministère de la Justice à saisir un juge d’instruction dans des affaires de corruption ou plus largement d’atteinte à la probité publique.

À son actif, Anticor a contribué au déclenchement de plusieurs importantes procédures. C’est le cas notamment de l’affaire dite des sondages de l’Elysée. Pour mémoire, des études d’opinion avaient été commandées par la Présidence de la République durant le mandat de Nicolas Sarkozy. Cette procédure au long cours et pleine de rebondissements devrait prochainement trouver sa conclusion. En effet, le 12 novembre dernier, le Parquet National Financier a demandé le renvoi en correctionnelle de plusieurs proches de l’ancien président, dont Claude Guéant, Emmanuelle Mignon et Patrick Buisson. Anticor s’est également constituée partie civile dans les affaires concernant Jean-Noël Guérini, Agnès Saal ou encore Richard Ferrand, le président de l’Assemblée Nationale.

Plus près de nous, Jérôme Hotta, premier référent d’Anticor en Haute-Garonne, a porté plainte pour escroquerie suite au scandale financier lié à l’établissement médico-social Epicure à Saint-Gaudens. Une ténébreuse affaire qui avait également fait l’objet d’un signalement par la Chambre Régionale des Comptes d’Occitanie auprès du Procureur de la République de Toulouse. Après deux ans d’enquête menée par le SRPJ de Toulouse, un jugement pour banqueroute frauduleuse a récemment été rendu, conduisant à la condamnation de Jean-Raymond Lépinay à un an de prison avec sursis et 8 millions d’euros de dommages et intérêt.

Si l’activisme citoyen d’Anticor a permis l’ouverture d’enquêtes judiciaires d’ampleur nationale, l’association entend tout autant contribuer à lutter contre toutes formes de malversations, de corruption dans les territoires. Avec 2000 adhérents aujourd’hui dans toute la France, elle continue d’accroître sa présence dans les départements.

Deux nouveaux référents

La rencontre toulousaine a été co-animée par Eric Alt, Vice-président national de l’association. Juge à la Cour de Cassation de 2007 à 2017, il est aujourd’hui magistrat au Tribunal de Grande Instance de Paris. Il est l’auteur avec Irène Luc de « L’esprit de corruption » (Edition Le Bord de l’Eau), et intervient régulièrement dans les médias, ou encore sur la chaîne Youtube d’Anticor (par exemple cette vidéo bien d’actualité : « La justice fiscale se fait attendre »). Intervenait également à Toulouse Edith Talarczyk, chargée de la coordination des groupes locaux, qui est par ailleurs membre d’Anticor Moselle. Enfin, deux nouveaux référents départementaux ont été présentés. Christine Roussel, conseillère municipale dans l’opposition à Labarthe-sur-Lèze, a mené une partie de sa carrière au sein du Conseil Général de la Haute Garonne. Elle y a travaillé à la Direction des routes de 2007 à 2013 avant de rejoindre de 2013 à 2015 le cabinet de Pierre Izard, au titre des relations publiques en lien avec les communes. Quant à Jean-Pierre Demant, aujourd’hui retraité, il a été médecin dans deux cliniques. Dans un premier temps, il a travaillé 12 ans au sein de la Clinique du Château de Toulouse, avant de rejoindre pour 14 ans une clinique de Lorient. C’est dans cette région bretonne qu’il a été élu pendant 6 ans, dans une commune et une communauté d’agglomération avant de revenir à Toulouse.

Un travail collectif pour monter les dossiers

Concrètement, Anticor Haute-Garonne va recevoir des témoignages, documents, dossiers pouvant établir un faisceau de présomption ou même la preuve directe de délits commis dans la sphère publique. En l’occurrence : prise illégale d’intérêt, concussion, corruption…

« Les personnes qui nous communiqueront ces informations seront complètement anonymisées », souligne Jean-Pierre Demant. Et de poursuivre : « Le rôle des référents va consister en premier lieu à trier les dossiers, à faire des choix. Ensuite, nous les partagerons avec le bureau national qui en fera une qualification juridique, établira notamment s’il est possible ou pertinent d’engager une action judiciaire. Un travail qui s’appuiera sur un réseau d’expertises parmi les adhérents à travers la France, selon la thématique des dossiers » In fine, le bureau national et la cellule de Haute-Garonne établiront une stratégie d’action. « En fonction des dossiers, nous pourrons soit faire un signalement auprès du Procureur de la République, soit plus directement déposer une plainte. Le cas échéant, nous pourrons aussi les transmettre à la presse », explique Eric Alt.

Pour l’heure, la nouvelle équipe se met en place. Des réunions seront bientôt programmées dans l’année qui vient, dont une fin janvier ou début février. Il s’agira notamment d’organiser des ateliers de travail, des présentations pédagogiques afin de renforcer les compétences des membres de l’association.

Contact : Gl31 gl-anticor.org

Frédéric Dessort, secrétaire de l’Association des Journalistes de Toulouse et de sa région

(*) contrairement à ce que nous avions écrit dans la première édition de cet article, mentionnant une centaine d’adhérents

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