Dans son édition du 19 janvier, ”La Dépêche” annonçait dans un premier article la comparution de Nadia et Thierry Portheault devant le tribunal correctionnel de Toulouse, pour diffamation envers le Front National (ici).
Alors que Mme Portheault était candidate FN aux municipales à Saint-Alban, M. et Mme Portheault avaient quitté ce parti et expliquaient les raisons de cette décision le 4 novembre 2013 à l’hebdomadaire “La Voix du Midi Toulouse”. Dans une interview réalisée par son rédacteur en chef, Pascal Pallas, ils dénonçaient des propos racistes et homophobes proférés par des membres du FN (ici).
Mais dans l’article de “La Dépêche”, nulle mention de “La Voix du Midi” et de cet entretien. Un oubli réparé le lendemain dans un second article faisant le compte rendu de l’audience et qui signale cet interview (ici). Difficile de faire autrement, puisque c’est sur ces déclarations que le FN a basé sa plainte. Mais manque de chance, le rédacteur de « La Dépêche » a encore oublié quelque chose. Il ne s’est pas aperçu que Pascal Pallas était mis en examen pour complicité de diffamation et comparaissait avec M. et Mme Portheault, qu’il avait été entendu par le président et défendu par un avocat. L’envahissement du tribunal par les médias - par ailleurs noté dans l’article - n’a pas non plus alerté son auteur.
Nous ne pouvons imaginer que tous ces oublis soient volontaires. Sans doute un regrettable concours de circonstances, qui a permis à “La Dépêche” de montrer une fois de plus sa grande solidarité avec les autres médias et journalistes de Midi-Pyrénées.
Le jugement pour M. et Mme Portheault et pour Pascal Pallas est mis en délibéré au 26 février. Il est permis d’espérer une relaxe générale, d’autant que le procureur a annoncé que, le parquet n’étant pas à l’origine des poursuites, il allait se faire l’avocat de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Il a également exprimé ses doutes quant à la constitution des délits de diffamation et de complicité de diffamation, tout en constatant une erreur de qualification lors de la mise en examen.
Néanmoins, demeurons vigilants et mobilisés sur les garanties essentielles à l’exercice de notre métier.
Sylviane Baudois, présidente de l’AJT-MP