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Droits, devoirs et déontologie

publié le samedi 16 mai 2009

Les Etats Généraux de la Presse écrite ont préconisé en janvier dernier la mise en place d’un Code de déontologie pour les journalistes. Depuis, rien ne semblait bouger. Or, sans tambours ni trompettes, une commission chargée de rédiger ce code de déontologie va se constituer très prochainement (Source : « Le Monde » du 10 mai 2009). Bruno Frappat, président du directoire de Bayard Presse et animateur du Pôle I des Etats généraux, « Les métiers du journalisme », participerait à cette commission de six ou sept membres, dont nul ne sait comment ils seront choisis. Les syndicats et organisations de journalistes demandent à être représentés, et estiment que les éditeurs de presse ainsi que des représentants des divers types de médias et un juriste devraient également être présents.

La procédure prévoit que le code de déontologie élaboré devrait être approuvé ensuite par les représentants des éditeurs et des syndicats de journalistes et annexé à la convention collective des journalistes.

Selon « Le Monde », l’Elysée subordonnerait le versement des aides promises à la presse écrite (aide aux kiosques et au portage, baisse des tarifs postaux et des charges) à l’avancement de certains dossiers, dont la réforme de la distribution et la mise en place d’un code de déontologie comportant « des droits et des devoirs ».

Le processus semble donc s’accélérer, reprenant les mêmes méthodes que celles qui ont prévalu pendant les Etats généraux : pas de concertation préalable ni de représentation des journalistes…

En revanche, la mise en place d’une instance de médiation tripartite (éditeurs, journalistes, lecteurs), destinée à rétablir une relation de confiance entre les lecteurs et la presse, a été refusée par les Etats généraux, et le succédané proposé à la place, soit un Observatoire des pratiques de la presse (OPP) paraît lui aussi être passé aux oubliettes. Composé de 50% de journalistes, 25% d’éditeurs et 25% de personnalités qualifiées, l’OPP aurait été un lieu de débat sur la déontologie et les pratiques de la presse.

L’instrumentalisation de certains dérapages minoritaires visant à discréditer la profession a tenté de faire croire à l’opinion publique que les journalistes étaient à la fois incompétents et intouchables. En réalité, il n’y a pas de vide juridique en France concernant la presse et la profession. La loi sur la presse de 1881 protège la vie privée et réprime la diffamation de façon beaucoup plus précise que dans d’autres pays. Une charte des droits et devoirs des journalistes datant de 1938 est annexée à la convention collective.

Cela ne signifie pas qu’une relecture de ces textes n’est pas envisageable, mais certainement pas dans l’optique de « beaucoup de devoirs et peu de droits », comme on peut légitimement le craindre au vu de la mise en cause judiciaire de plus en plus fréquente des journalistes (Denis Robert, Vittorio de Filipis, Mediapart). Des garanties essentielles, comme celle de la protection des sources ou du secret professionnel, déjà insuffisamment protectrices, risquent de disparaître ou d’être vidées de leur contenu. De plus, qui fera appliquer ce code de déontologie, alors qu’aucune instance de régulation - qui devrait être constituée au moins pour moitié de journalistes - n’est prévue, et quelles seront les sanctions ?

Plus que jamais, soyons vigilants, car la liberté de la presse et de l’information est tout autant celle des citoyens et un fondement de la démocratie.

Sylviane Baudois, Présidente de l’AJT-MP

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